Eva Baudry

GMURDA est un collectif qui occupe des structures abandonnées par le biais d’improvisations collectives éphémères. Fondée à Lisbonne en 2012, gmurda est née de la copieuse abondance de ruines sur le territoire, garantie depuis de nombreuses années par la situation politique mondiale.

Sa pratique interroge la crise de l’habiter inhérente à la modernité portugaise et le processus de tertiarisation, ses paradoxes, ses bonds en avant et ses impasses.

La ruine est le lieu de la suspension des règles conventionnelles qui déterminent et commandent l’ordre collectif des espaces, qu’ils soient domestiques, de travail ou de culte. Il existe des causes économiques et des lectures historiques qui expliquent pourquoi tant de faillites et de démantèlements marquent le passé du territoire. Des projets visant à la requalification future de ce patrimoine sont également prévus. Le présent est de plus en plus la ruine et l’inertie ouverte qu’elle recèle, un vide latent où il est possible d’établir de nouveaux ordres collectifs. L’action de GMURDA consiste en l’exploration du potentiel négatif, de l’absence humaine des lieux encore soustraits au domaine productif.

Nous voulons ressusciter les qualités acoustiques endormies qui gisent dans les matières, et les entrecroiser avec les ressources et les gestes du corps humains. Au delà de la vision et des mots, nous voulons explorer l’audible et entendre ce qui se murmure.

GMURDA s’inspire de la méthodologie Composição em Tempo Real (CTR) de João Fiadeiro et Fernanda Eugenio.
Nous arrivons dans des espaces et définissons un champs d’action pour le jeu d’improvisation. Cameras et microphones permettent de cadrer le champs d’action à partir duquel le jeu se déploiera. Chaque prise du lieu abandonné/exploré est donc le résultat d’un processus collectif de cadrage. Le matériel visuel et sonore créé a été exposé selon divers dispositifs en fonction des lieux d’expositions.

Notre champs d’action est dans l’expérience concrète. La plan a faillit, personne n’est venu au répétitions. Même comme cela, parfois, le tube vibre et résonne dans un corps. L’harmonie produit un tremblement subtil qui s’élève des choses. Ensuite passe une voiture, ou un avion, ou bien se termine la batterie de la caméra, et il reste au lieu ce qu’il est. GMURDA c’est cela, un monstre de peluche scandinave qui se prépare à engloutir la ville dans une fin du monde qui n’est jamais venue.